31 years old


31 ans.
Je commence à peine à me réconcilier sans jugement avec l’adolescente que j’ai été.
Et je pense que c’est une bonne chose : je commence à savoir qui j’étais.
Je commence à accepter mes putains de défauts. Peut être.
A les regarder droit dans les yeux et à avoir de la compassion pour eux.
Il a fallu quand même apprendre une forme de sagesse, toutes les passions du passé ne pouvant faire partie que de la mémoire. Qui j’étais n’est plus moi.

Je ne digère plus les tirades écorchées, les plats épicés, les relations passionnées :
Se contentant de tourner indéfiniment sur une névrose, sur soi, comme un derviche inversé.

A 14 ans, je ne comprenais pas que l’on puisse bannir l’idée de passion et aujourd’hui,  des effets passionnés qui ont fait de moi ce que je suis m’angoissent, me poussent au recul.
Longtemps, c’était « tout ou rien », dit Ferré dans sa chanson « 20 ans » et c’était bien.

J’ai vécu longtemps comme si je pouvais, je devais être immortelle.
Capricieuse et enflammée, impulsive et grondante.
Après, j’ai pensé souvent à la mort. Je pensais tous les jours à la mort.
Je pouvais me croire atteinte d’une maladie grave par exemple.
Et je ne pensais pas que ce que je mange, respire, fais, puisse avoir une quelconque incidence sur ma longévité.
Je ne pensais pas qu’on entretenait une longévité, physique ou psychique, sans quoi la vie devenait égoïste et courte.

A 30 ans, que sais-je de la vie ?
Peut être un peu mieux sa valeur au regard de la mort.
Ce que signifie vieillir, aimer mieux, favoriser la vie, éloigner de soi la mort tout en la sachant là, possible.

Et même, dans les deuils et les passages, il faut qu’il y ait deux forces motrices qui puissent cohabiter. L’une sombre et pétrifiante, l’autre lumineuse et en mouvement. Pour s’équilibrer.

Il faut parfois du temps pour vieillir, pour mûrir, comme pour régresser.

 

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