Etre petit.
Avec toutes les grandes émotions et les grandes découvertes que cela suscite.
Se laisser porter, transporter, passer de bras en bras regarder avec un regard tout neuf le grand monde.
Etre perméable, complètement ouvert.
Parfois avoir faim, froid, chaud, mal aux dents, se sentir tout seul ou au contraire trop sollicité.
Etre petit et s’en ficher des biscuits écrasés par terre, déchirer des livres, colorier ses jambes, s’enduire de yaourt, jeter les objets très fort par terre pour les mettre à l’épreuve de la pesanteur…
Prendre le temps de. Recommencer 10 fois, 20 fois, avec toujours la même énergie.
Gribouiller les courriers EDF, tirer la queue du chat, jouer à cache-cache, s’allonger par terre, vouloir vivre maintenant, avec une grande soif.
Libre de toutes conventions et entier.
On aime ou on n’aime pas, observant attentivement ce que font les grands, on les imite, puis on les emmène par la main pour aller ailleurs, pour cueillir des fleurs, pour pousser, tirer ces guides qui nous expliquent le monde, les ramener au moment présent.
C’est tourner sur soi-même, faire des marionnettes et entonner l’air des p’tites chansons qu’on aime bien.
C’est penser, comprendre avec clairvoyance, sans arsenal de mots.
C’est gravir les marches des escaliers, se râper les genoux sur les cailloux, goûter les croquettes du chat.
C’est cracher les courgettes cachées dans la semoule.
Etre petit.
Sentir et équilibrer du regard, donner tout son sens au manger, au dormir, au respirer…
Entortiller ses doigts dans les cheveux et s’abandonner le temps d’un biberon.
Comment tournerait le monde sans les petits ?
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