Les appuies-têtes basculent
Je navigue.
Différents moyens de transport que je connais ne sont ni avions ni autobus,
ce sont matières et couleurs, mélodies odieuses pour ceux qui cristallisent.
Quels rêvent construisent, quels rêves estompent les stridences du monde ?
Alors que les traces sensibles d’amour et de musique font trembler encore les tissus chauds,
alors que les nappes cinglantes d’échos perdus dans les tympans sussurent l’impasse,
Tu perds ton temps,
ton temps d’égo assure l’espace
Tu sautes mouton, pieds joints dans les abysses,
tu parles mouton, ne mange pas de salade mais la raconte bien,
tu aimes et tu détruis, comme chacun, tu prétends
Calmer les sens, exercer un pouvoir
alors tu sais seulement
Gober les mouches, avoir l’air hagard
mille façons de promener son esprit,
en laisse, en traîneau, en cavale,
Dans ces moments, tu ne sais pas, l’effet que ça me fait, de t’entendre me répondre « oui »
et celles que je préfère sont les grands écarts
Je me sens, oui, comme à l’intérieur d’un tourbillon infini, de toutes les couleurs les plus vomitives, les plus inhumaines et synthétiques.
Je me sens fragile exploratrice de la vie, cosmonaute du trop plein, cavalière du vide.
Je me sens nulle part quand d’autres se sentent partout.
Je ne me reconnais pas dans ce monde, j’y suis et y serai toujours une étrangère, un ectoplasme.
Pour autant je sais que je me sens assez bien.
Les phases alternées de mélancolie et d’empathie me rendent insaisissable.